Vivre de son écriture ?

 
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L'an dernier, j'ai pris la décision de me consacrer entièrement à l'écriture. J'ai appris beaucoup de cette expérience...

Tout commence en septembre 2016, lorsque je publie La Vie ailleurs en même temps que je me prépare pour l'hôpital : je suis enceinte de neuf mois, la naissance est imminente !

Cette semaine-là, ce furent deux bébés qui naquirent. Une petite fille adorable et un livre numérique.

Me voici à l'autre bout du monde, parce que mon époux vient d'y être muté.

Me voici dans cet immense pays, l'Australie, où la garde d'enfants coûte trop cher. Beaucoup trop cher !

Me voici coincée à la maison, une place que je déteste.

Me voici dans un pays étranger où je viens de débarquer, sans job, avec un bébé.

Ma décision est prise : plutôt que de me morfondre, il faut profiter de cette occasion unique pour me consacrer à l'écriture !

Et pendant un an, je n'ai fait que cela : écrire et faire la promotion de mes livres.

Je me flatte d'une jolie réussite. En commençant, je ne pensais jamais atteindre si rapidement mes objectifs en terme de ventes et de revenus. Oui, mais voilà ce que j'ai appris...


1. Pour bien écrire, mieux vaut éviter la pression.

C'était horrible de travailler tous les jours en songeant que de la réussite ou de l'échec d'un texte dépendait la suite de ma carrière. On a besoin d'avoir l'esprit libre, n'être pas contaminer par des pensées néfastes.

2. Mais un peu de pression aide à progresser...

S’asseoir avec un stylo ou taper sur un clavier... l'acte d'écrire est créateur. Les idées absentes au début viennent progressivement et l'exercice qui consiste à se forcer ou à respecter une consigne imposée est incroyablement productif... La page blanche n'est pas une fatalité.

3. Le temps d'écriture ne se mesure pas en temps écoulé.

Entre l'idée, la maturation, le développement, la création et le résultat final, il peut y avoir de nombreuses années. Tout dépend de l'oeuvre, de ce qu'il y a à dire. Mais il n'y a pas de règle. Cela n'est pas nouveau. J'ai écrit mon dernier roman en trois mois, mais j'avais commencé à y réfléchir il y a deux ans. Alors, combien de temps dois-je retenir, pour les annales ? Deux ans ou trois mois ?

4. Passer sa vie à écrire est difficile.

J'adore cela, c'est ma passion, mais j'ai besoin de faire autre chose, d'avoir d'autres activités. Pendant cette année où j'ai travaillé sur mes textes, sur des scénarios, sur des projets variés, j'étais incapable d'écrire le moindre email à des amis alors que j'étais plutôt prolixe auparavant... Je n'en pouvais plus. Je n'avais tout simplement pas envie, comme le chef cuisinier qui refuse de préparer le repas dans sa famille en rentrant !

5. Se connaître...

Suis-je du genre à planifier ou à écrire librement ? Ai-je besoin de mûrir un thème pendant longtemps ? Quels sont mes points forts ? On vous répète pendant des années qu'il faut faire des plans... Quelle libération de découvrir qu'il y a des tas d'écrivains qui s'en passent !

C'est important de connaître son fonctionnement, savoir si l'on est plus efficace à certaines heures, si l'on a un rituel à mettre en place et lequel...

Personnellement, j'ai besoin de m'isoler quand je commence à travailler sur un projet. Plusieurs heures en bibliothèque ou dans un café, le temps d'avoir un projet bien clair. Lorsque j'arrive à un premier jet/synopsis satisfaisant, j'arrive à me concentrer de façon plus morcelée.

6. L'importance de se former...

Échanger avec d'autres auteurs, lire des livres de référence, découvrir de nouveaux auteurs et étudier les best-seller d'aujourd'hui... Je n'ai jamais autant passé de temps sur ma liseuse kindle que depuis que je considère la plateforme comme le centre de mon activité.

Ecrire est un art, un métier... qui s'apprend en écrivant ! J'ai adoré lire des bouquins sur la scénarisation (avec lesquels je n'était évidemment pas toujours d'accord), échanger avec des confrères et amis, animer des ateliers d'écriture et découvrir le regard porté par l'autre sur cet étrange métier !

7. Ne rien attendre en retour

Le livre écrit et publié porte en lui sa propre existence. Comme un enfant nourri, choyé, élevé... lorsqu'il a quitté la maison, il passe parfois un coup de fil ou s'invite à dîner. C'est ce que je ressens lorsque je reçois un message "j'ai lu ton livre !"

Parfois, il ne donne pas de nouvelles pendant des semaines et puis un jour, il sonne à la porte : "je n'ai pas eu beaucoup de temps, mais j'ai commencé à lire ton livre...

Parfois, on ne sait pas. Nos enfants ont leurs petits secrets... C'est le cas de quatre-vingt-dix pour cent de mes lecteurs, soit 4500 personnes environ. 4500 inconnus qui m'ont lue et je ne le saurai jamais. Peut-être les croiserai-je dans la rue ? Peut-être est-ce vous qui passez sur mon blog...

Le livre vit sa vie, dans l'esprit du lecteur...

8. Savoir ce dont nous avons envie...

Cela peut paraître évident, mais ce n'est pas si simple. Décider de vivre de son écriture, c'est se lancer dans une drôle d'aventure faite de redevances et de nombre de ventes.

J'ai envie que l'écriture reste un plaisir.

9. Trouver son équilibre

Entre vie personnelle, vie professionnelle et passion. Pour être heureux.

Alors, vivre de son écriture, une bonne ou une mauvaise idée ?

Tout dépend de ce que l'on souhaite. J'ai adoré la liberté de l'auto-entrepreneuriat, j'ai adoré m'occuper du marketing, de la communication, créer la couverture, mettre en page...

Mais je veux garder ma liberté. Rien de plus désagréable que de se sentir soumis à l'obligation de publier.

Parce que je tiens à mon indépendance morale, financière et artistique, j'ai décidé de ne plus consacrer mon temps à l'écriture.

Cela veut dire que j'entame une nouvelle activité professionnelle en parallèle : je serai moins présente sur les réseaux sociaux, moins active sur le blog. Mais n'ayez crainte... Mon prochain roman se prépare tout de même...


 
Leslie Héliade4 Comments